Un peu d’histoire

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PRÉSENTATION DE MEZIERES-EN-BRENNE

Capitale historique de la Brenne, la commune de Mézières-en-Brenne se situe dans l’ouest du département de l’Indre (36) dans la région Centre-Val de Loire. Elle fait partie du Parc Naturel Régional (PNR) de la Brenne, un grand espace naturel de 166 000  hectares classés Natura 2000 et Ramsar, réputé pour ses étangs (plus de 4000 !) et sa faune et sa flore préservées.

Ses habitants sont appelés les Macériens et les Macériennes.

La commune s’étend sur 57,6 km²

Mézières est l’une des localités les plus importantes de la Brenne avec 1001 habitants. Situé à 89 mètres d’altitude, les rivières l’Yoson, et la Claise sont les principaux cours d’eau qui traversent la commune de Mézières-en-Brenne. Le confluent de ces deux cours d’eau si situe d’ailleurs sur le territoire de la commune.

Mézières est jumelée depuis plus de 30 ans avec les communes de Watou en Belgique et Barzano en Italie. Les liens qui se sont créés sont si importants que ces jumelages sont encore très actifs et qu’en dépit d’une pause contrainte liée au Covid, les rencontres ont repris en 2022. Ainsi, mange t’on de la charcuterie italienne et on boit de la bière belge à chaque manifestation locale !

Elle appartient à la communauté de communes Cœur de Brenne qui regroupe 11 communes rurales d’une population de 5 127 habitants.

… ET SON HISTOIRE

Bâtie à proximité des vestiges d’une villa gallo-romaine, découverte en 1875, la ville de Mézières-en-Brenne tient son nom du latin « Maceria », qui signifie « vieilles murailles, vieilles pierres ».

Au temps de mérovingiens, un personnage nommé Flaocate, maire du palais de Bourgogne de 642 à 643, est doté par Clotaire II des terres de Brenne. Il s’installe là où se trouve Mézières aujourd’hui. Avec le soutien de Dagobert, puis de Clovis, il édifie les abbayes de Méobecq et de saint Cyran (commune de Saint-Michel en Brenne, voisine de Mézières). Ces deux abbayes seront des acteurs majeurs de l’aménagement du territoire. Rapidement, des seigneuries laïques (seigneurie de Mézières) s’installent à côté de ces domaines ecclésiastiques pour composer les premiers réseaux d’étangs et utiliser cette composante comme un élément essentiel de la richesse, par les revenus considérables générés par la pisciculture (les revenus sont détaillés lors des évaluations des dégâts occasionnés par les guerres). Rapidement, l’utilité d’organiser les étangs en chaînes est remarquée et des coutumes s’établissent, suivant le droit seigneurial : « chacun peut faire étang, pourvu que ce soit sans préjudice du droit du seigneur ou d’autrui ». L’étang devient le ciment des « liens d’homme à homme », jusqu’à ce que l’on confirme l’utilité d’organiser des étangs en « chaînes », et que la coutume, là encore, vienne fixer les droits et devoirs de chacun des propriétaires de l’eau.

Gerbert de Brenne est le fondateur de la place forte de Mézières où il s’installe au début du Xième siècle.

Initialement la paroisse était située à Subtray, du latin sub-strata, un important carrefour de voies romaine se situant à environ 3 kilomètres du centre du village actuel. La construction du château de Mézières par Gerbert de brenne, dont subsiste encore aujourd’hui quelques tours, a créé un pôle d’attraction, et le village s’est petit à petit presque entièrement déplacé vers sa localisation actuelle.

Subtray est aujourd’hui l’un des hameaux de Mézières mais comportait avant la Révolution une église (Eglise Saint-Martin) rasée en 1791. Celle-ci abritait le gisant de Jeanne de Brenne. Enlevé lors de la démolition de l’église, il fut abandonné dans un champ où la population lui donna le nom de « Saint Dormant ». Cette pierre était réputée pour guérir les maladies intestinales des nourrissons et fût récupérée au XXème siècle pour être déposée dans l’église de la commune voisine de Saint-Michel en Brenne dans un état très délabré.

Une femme du nom de Maïentie, héritière de Mézières et de Châtillon, épouse, en 1098, Robert Ier, seigneur des Roches, en Touraine. C’est alors que beaucoup de fiefs, sis eu dehors de La Brenne, aux portes mêmes de Châtillon-sur-Indre, commencent à relever du château de Mézières.

Robert des Roches a, de son mariage avec Maïentie, Robert II des Roches, des mains de qui la seigneurie de Brenne passe successivement à ses deux fils : Geoffroy Ier de Brenne et Robert III des Roches.

Robert III de Brenne (1140 – 1221) donne lui-même le jour à deux enfants qui se succèdent dans Mézières : Geoffroy II de Brenne, mort sans postérité et Guillaume de Brenne (1190 – 1249), père de Jeanne de Brenne.

Jeanne de Brenne est mariée en 1261 à Hervé III, seigneur de Vierzon (1252 – 1270), décédé à la bataille de Tunis. Jeanne Isabeau de Vierzon (1261 – av. 1296), leur fille unique, épouse en 1277 Godefroy d’Aerschot (1252 – 1302).

Leur fille, Alix de Brabant (1278 – 1339), dame de Mézières-en-Brenne, se marie en 1302 à Jean III d’Harcourt (1271 – 1326), vicomte de Châtellerault. Jean III d’Harcourt est le fils de Jean II d’Harcourt, baron d’Elbeuf et maréchal de France, et de Jeanne, vicomtesse de Châtellerault. Ils ont plusieurs enfants de leur mariage dont :

Jean IV d’Harcourt (1302 – 1346) est tué le 26 août 1346 à Crécy. Louis d’Harcourt (1305 – 1373), reçoit la seigneurie de Mézières en apanage après la mort de son frère.

La famille d’Harcourt conservera la seigneurie de Mézières-en-Brenne jusqu’en 1445 où elle est échangée contre la châtellenie de la Ferté-Bernard en Mayenne. La terre de Mézières passe alors dans les mains de Charles d’Anjou, Comte du Maine qui la donnera à son fils naturel, Louis d’Anjou, encore appelé le « Bâtard du Maine » qui en fera sa résidence principale.

La dernière et unique héritière directe des Anjou de Mézières, la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIII, Marquise de Mézières (mais qui préfère de loin ses terres de Saint Fargeau), vend en 1668 son marquisat à Isaac Bartet pour 180.000 livres. Isaac Bartet est conseiller du roi, secrétaire de la chambre et du cabinet de Sa Majesté, résidant pour la couronne de Pologne en la cour de France.

En 1692, le seigneur Bartet vend, à son tour, la terre et marquisat de Mézières au puissant seigneur Louis de Rochechouart (1681-1746), duc de Mortemart, Général et pair de France, premier gentilhomme de la Chambre, qui participe à la prise de Barcelone en 1714. Le prix est de 200.000 livres.

Ensuite, le seigneur, duc de Mortemart, cède le marquisat de Mézières au seigneur Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin (1665 – 1736), duc d’Antin, pair de France qui le vend, par acte du 31 mai 1732, à messire Hubert de Courtarvel (1680 – 1734), marquis de Pesé, pour la somme de 340.000 livres.

Hubert de Courtarvel (1680 – 1734), marquis de Pesé étant mort d’une blessure reçue à la bataille de Guastalla laisse pour héritières Marie Elisabeth et Louise-Madclaine du Pezé, ses filles. Marie Elisabeth étant morte en 1736, sa sœur Louise-Madelaine reste unique héritière. Elle épouse le Marquis Armand-Mathurin de Vassé (1708 – 1782), qui devient seigneur du marquisat de Mézières.

Armand-Mathurin marquis de Vassé , très endetté, doit, en 1762, aliéner la terre de Ballon à Jean Le Vayer, baron de Survilliers pour 192.400 livres. Par acte du 20 décembre 1785, passé devant Sauvalge, notaire à Paris, le marquis de Vassé vend le marquisat de Mézières à Mlle Marie-Suzanne-Françoise d’Argouges, décédée le 9 brumaire an II, laissant pour héritière dame Louise-Henriette-Françoise d’Argouges (1767 – 1831), sa nièce, épouse du prince de La Trémoille-Talmont guillotiné le 27 janvier 1794 à Laval.

Le 8 messidor an XII, suivant acte de Louveau, notaire à Paris, Madame de Talmont vend les terres de Mézières et de Notz à M. Nicolas 0lory, qui les revend, le 16 pluviôse an XIII (1804), à Michel Jeune, par acte reçu par Pezet, notaire à Paris. En 1833, elles sont enfin vendues à MM Pradet, Aubertot et Luzarche qui les démembrent et la municipalité de Mézières rachète alors ce qui restait des bâtiments du château et des jardins (actuelle place du champ de foire).

Non entretenue, la place forte de Mézières s’effondra presque totalement en 1835 et la municipalité de Mézières fit raser les bâtiments afin de construire, sur leur emplacement la mairie actuelle au début du XXème siècle.

D’origine médiévale, le bourg de Mézières-en-Brenne présente encore quelques beaux vestiges de cette époque à travers des monuments de toute beauté.

Première église classée aux Monuments Historiques du département, l’église Sainte-Marie-Madeleine a été construite au début du XIVe siècle. Elle abrite un très beau porche orné, des vitraux colorés et des verrières des XIVe et XVIe siècles, ainsi que des stalles bénédictines et une très belle chapelle dite des ducs d’Anjou. Cette collégiale, bâtie par la petite-nièce de Saint-Louis, Alix de Barbant, présente un style purement gothique.

Il ne reste que deux tours et un ancien pigeonnier du château féodal à l’origine du bourg. Ces dernières, qui se dressent fièrement à côté de la mairie, abritent aujourd’hui le bureau d’informations touristiques Destination Brenne.

Un circuit pédestre de 3,6 km, jalonné de 39 cartes postales anciennes, permet d’admirer, entre autre, d’anciennes demeures médiévales qui témoignent de l’ancienneté du site. Livret explicatif disponible à l’Office du Tourisme ou sur le site du Parc Naturel Régional de la Brenne.

LES COURSES HIPPIQUES ET GEORGE SAND

On s’interroge parfois sur le nom « L’Hippodrome » porté par une propriété entre Mézières et Saint-
Michel-en-Brenne. Cette appellation remémore les courses hippiques qui s’y déroulèrent au milieu du
XIXème siècle. Initiées par un brillant cavalier, le Comte de Lancosme-Brèves, et par Henri Navelet,
maire de Mézières, elles connurent leur apothéose en 1846 avec la venue de George Sand qui les
relata dans un journal parisien. La piste, réputée excellente, était aussi vaste que celle du Champ de
Mars à Paris et on y compta jusqu’à 11 000 spectateurs. Les fondateurs du Cercle hippique de
Mézières avaient la volonté de promouvoir la race locale, le petit cheval brennou. Mais ils ambtionnaient
surtout de rivaliser avec le derby d’Epsom en Angleterre… Ce rêve pris malheureusement fin en 1857 et
l’hippodrome tout spécialement construit à l’occasion s’effaça sous l’herbe des champs.
Il n’en demeure pas moins que le passage de la célèbre George Sand a passé à la postérité quelques
éléments de la Brenne et de Mézières.
Extraits du texte rédigé par George Sand à l’occasion de sa venue en 1846.
« Si vous regardez la Brenne figurée sur les vieilles cartes enluminées de Cassini, la physionomie d’une
contrée si sauvage vous serrera le cœur ; pas de chemins, pas de villages, des espaces immenses sans un clocher, sans une ferme, sans un bosquet. Partout des étangs semés à l’infini dans la
bruyère. »
Paysage bien différent de celui, plus riant de Nohant !
« Au centre de la Brenne, dans ce pays naguère si misérable, inondé la moitié de l’année, à peine
habité, et nullement fréquenté, on est fort surpris de se trouver sur une belle route encombrée
d’équipages fringants, d’omnibus, de diligences, de pataches, de curieux, et de véhicules de toute
espèce. C’est Longchamps transporté au milieu du désert, plus la population rustique, qui donne la
vraie vie au tableau, et qui s’amuse pour tout de bon, vu que ceci l’intéresse un peu plus que les
splendeurs du luxe n’intéressent le pauvre peuple de Paris ou de Versailles.
À peine les courses ont-elles commencé, que l’arène est envahie par des flots de peuple, qui s’élance
sous les pieds des chevaux pour encourager les concurrents ou féliciter les vainqueurs. C’est à
grand’peine que les commissaires, le curé, les gendarmes et le garde champêtre, tous gens paternels
dans notre bon pays, peuvent contenir cette agitation et prévenir les accidents. La course des
cavarniers est la plus intéressante pour le compatriote, la plus originale pour l’artiste. Le cavarnier est le
gamin de la Brenne. C’est le jeune garçon ou l’enfant qui élève, soigne et dompte le cheval sauvage.
Pieds nus, tête nue, sans veste, le cavarnier galope sur le cheval nu. C’est tout au plus s’il admet le
bridon, habitué qu’il est à diriger sa monture avec une corde qu’il lui passe dans la bouche. Celui qui a
gagné le prix, cette année, avait je crois, neuf ou dix ans. En arrivant au but, il a glissé en riant sous le
ventre de son cheval baigné de sueur, luisant et poli comme un glaçon, mais non pas aussi froid ; car il
faisait, ce jour-là, 32 degrés de chaleur à l’ombre, et l’ombre est un mythe sur les plateaux de la Brenne.
Un brave paysan ramassa l’enfant et l’éleva dans ses bras pour l’embrasser. Il riait et pleurait en même
temps, car il savait le danger qu’avait bravé son fils, et les quelques minutes d’une course si rapide
sous les yeux du public sont bien longues pour un père. »
Complément d’information sur le cheval brennou : le Berrichon est une race éteinte de poneys puis de
chevaux de trait, élevée jadis dans la région du Berry, en France. Évoqué depuis le Moyen Âge, il ne
forme probablement pas encore une race. George Sand signale l'existence d'un « cheval brennou »
dans les Étangs de la Brenne, au milieu du XIXe siècle. Ce petit cheval rustique est alors élevé en plein
air toute l’année, et chevauché par des enfants lors de courses locales.Originellement de taille réduite,
la race berrichonne devient au tournant du XXe siècle un cheval de trait de format moyen, sous
l’influence du Percheron. Ces animaux réputés laids et lents, pourvus d’une grosse tête, sont pourtant
reconnus pour leur vigueur et leur douceur. Ils sont notamment employés à la traction des omnibus
parisiens.
Dans une lettre à son ami Arago, George Sand relate la nuit (mouvementée) passée à Mézières.
« A Mézières qui est une bicoque on loge où on peut. Nous avons couché dans le lit du brigadier de
gendarmerie appelé Mr Goret, non pas avec lui, le brave homme avait été dormir au foin avec son
épouse, laquelle porte un petit bonnet de grisette, et une grande plume verte d’une oreille à l’autre, et
ses deux petites filles charmantes qui nous avaient prises en passion, mais avec les innombrables et
superbes puces qu’ils avaient nourries de leur sang. C’est féroce la puce de gendarme ! Ça porte un
sabre et des buffleteries. »

LES VENTRES JAUNES

Les habitants de la Brenne, comme d’autres populations de zones d’étang ailleurs en France ont
longtemps été appelés « ventres jaunes ». Plusieurs histoires circulent autour de cette dénomination,
notamment que les brennous, allant vendre au marché de Châteauroux les grenouilles qu’ils avaient
pêchés dans leurs étangs, portaient de grands tabliers jaunes, ce qui leur donnait ce surnom, mais elles
sont fausses. Ce nom est malheureusement lié à une raison beaucoup moins pittoresque : la
prévalence d’épidémies, notamment de maladies intestinales, dans ce territoire, liées à la présence des
étangs et à une problématique d’hygiène et d’habitat.
Les maisons brennouses étaient en effet généralement petites et avec très peu d’ouvertures ce qui ne
permettait pas une bonne aération et les membres de la famille s’entassaient dans cet espace ce qui
favorisait les contaminations.
Un mot typique à mentionner : bouinotte. Ce terme désigne une petite fenêtre que l’on trouvait sur
l’habitat typique brennou.
Heureusement les choses ont bien évolué depuis le XIXè siècle et les principes hygiénistes
développés notamment par Pasteur et les habitants de la Brenne ne sont plus appelés ventres jaunes
depuis bien longtemps !